LES HOSTILITÉS DÉBUT DÉCEMBRE 1879
Début décembre 1879, un anticyclone se place entre les îles Britanniques et la Scandinavie, tandis qu'une dépression remonte des Açores vers le centre de la France. D'un côté un froid tout droit venu de Russie, de l'autre de l'air subtropical très humide. Le cocktail sera détonnant et rythmera la suite de ce mois hors-normes.
Après un léger dégel le 1er (+1,8 degrés), la chute s'amorce sous un vent de nord-est glacial dirigé par les hautes pressions. Résultat : de -4,7 degrés au petit matin du 1er, Paris se réveille par -12,7 degrés déjà le 3.
UNE NEIGE RECORD
C'est alors qu'intervient la dépression venue des Açores : elles provoquent des fortes pluies sur la moitié sud et même des orages sur la Côte d'Azur.
Au contact de l'air glacial plus au nord, il s'agira évidemment de fortes chutes de neige ou de pluies verglaçantes selon les endroits. Les Pays de la Loire se retrouveront sous un mélange de pluie-neige verglaçante déposant une épaisse couche de glace. De nombreux arbres cèdent sous le poids de la glace.
De la Normandie au Bassin Parisien jusqu'au Nord et aux frontières du nord-est, c'est un véritable blizzard qui figent ces régions durant un peu plus de 48 heures les 4 et 5 décembre : des violentes bourrasques de neige qui déposent souvent 30 à 60 cm au sol, partout, jusqu'au coeur de la capitale. Des chiffres dépassant 1 mètre d'épaisseur de neige sont avancés notamment dans le nord de la Bourgogne, en Champagne également. Les Français habitant ces régions sont bloqués chez eux, l'activité économique est réduite à néant, chômage météorologique pour tous les travailleurs.
Paris en décembre 1879; Source: FranceInfo
MOINS DE NEIGE, PLUS DE FROID
La neige se raréfie ensuite dans un air devenant extrêmement sec. Le ciel se dégage sur une partie de la France couverte d'un très épais manteau blanc. La situation météo est alors marquée par la présence d'un anticyclone situé directement sur la France (plus de 1030 hPa jusqu'au 28) : pas de flux, pas de vent, un ciel dégagé et cette neige épaisse, un rayonnement nocturne extrême, des conditions optimales pour installer et accroître le froid dans la durée et l'intensité.
Et quelle intensité ! -11,7 degrés le 7, -15,0 le 8, -18,2 degrés le 9, -23,9 degrés le 10... au coeur de la capitale ! Il fait -28 degrés ce matin là à Orléans !
Dans les Vosges, c'est pire, jusqu'à -37 degrés à Saint-Dié !
Quelques nuits plus nuageuses freinent parfois cet épisode glacial : -7,5 degrés le 11, -4,9 degrés le 13... Mais les 16, 17, 21, 22, 27 et 28 décembre voient à nouveau le thermomètre descendre sous les -15 degrés.
Du 1er au 27, très peu de dégel hormis +1,8 degrés le 1er, +2,4 degrés le 6 et +1,8 degrés le 13... Il s'agit bien des températures maximales ces jours-là...
UNE CATASTROPHE NATIONALE
Paris est dépassée, la France est dépassée, les politiques sont dépassés... Circuler est quasiment impossible, on déblaye la neige sans savoir où l'entasser, le sable n'a aucun effet sur une éventuelle fonte... Pour la première fois, en fin de vague de froid, du sel sera expérimenté en France avec des résultats meilleurs que le sable.
Durant toute cette période au froid sibérien, l'activité est réduite au minimum. L'approvisionnement en eau et en électricité est extrêmement compliqué. Des personnes meurent de froid chez elles, ou écrasées par les toits effondrés sous le poids de la neige jusqu'au coeur de Paris. Le Marché Saint-Martin s'est entièrement effondré.
LA DÉBÂCLE
Le 28 décembre, le thermomètre grimpe de 18 degrés en 24 heures, passant de -15,6 à +2,4 degrés. C'est le début de la débâcle. La pluie revient, la neige fond, la Seine jusqu'ici gelée sur 50 cm d'épaisseur sort de sa torpeur et les ponts de Paris sont mis à mal. Trois des quatre arches du pont des Invalides sont détruits. La situation sera très compliquée durant une bonne semaine avec des cours d'eau montant de 3 mètres voire plus en 48 heures, emportants de nombreux débris et endommageant les berges.
EN CONCLUSION
Curieusement à l'époque, les médias n'en faisaient pas des tonnes sur le sujet, l'aspect météorologique exceptionnel était très peu mis en avant. Les journalistes fustigeaient surtout les politiques, déclarés incompétents et incapables de gérer cette situation de crise... une situation qui en rappelle bien d'autres beaucoup plus récentes. Ce froid exceptionnel inquiétait sur le moment, mais c'était l'hiver après tout. Les décennies et siècles précédents avaient connu leur lot d'hivers glaciaux, meurtriers, désastreux au niveau humain, économique, social... certainement largement plus que notre réchauffement moderne, plus doux à encaisser mais tellement pratique pour taxer toujours plus, rendre l'ambiance toujours plus anxiogène sur un sujet qui ne l'est franchement pas, pour faire culpabiliser vous et moi. La COP28 se déroule à Dubai... très logique... Encore des millions dépensés à tort et à travers, des millions de tonnes de CO2 dégagés par les transports, ce petit gaz combattu méchamment par le GIEC et ses consorts. Eh les gars, si vous voulez faire un geste pour la planète à l'ère du numérique, faites-la via une plateforme internet à distance votre COP28. Qui comme tous les autres ne servira de toutes façons à rien !
- Frédéric Decker, Lameteo.org - Dimanche 3 décembre 2023 -