Le mois a débuté froidement. Sous des chutes de neige tardives, le 1er avril a connu des températures maximales particulièrement basses localement, à peine plus de 2 ou 3 degrés par exemple sur le Bassin Parisien, les Hauts-de-France ou encore l'Orléanais, soit plus de 10 degrés sous les normales.
Deux coups de froid nocturnes se succéderont ensuite en première décade d'avril (les 4 et 10), faisant même tomber des records de froids mensuels, parfois largement battus le 4 :
-6,5°C à Lucelle (68) (ancien record -6,1°C le 06/04/2021)
-6,4°C à Léré (18) ancien record -5,3°C le 11/04/2003
-6,2°C à Rodez (12) (ancien record : -5,5°C le 21/04/1991
-6°C à Vierzon (18) (ancien record : -5°C le 12/04/1986)
-5,9°C à Dun (18) (ancien record : -5,5°C le 04/04/1996)
-5,6°C à Châteauroux (36) (ancien record : -4,2°C le 07/04/1929)
-5,4°C à Joigny (89) (ancien record : -5,1°C le 08/04/2003)
-4,4°C à Cognac (16) (ancien record : -2.9°C le 05/04/1975)
Aux Pontets, à 1005 mètres d'altitude dans le Doubs, le thermomètre chute à -21,5°C cette nuit-là...
La seconde moitié du mois sera finalement assez douce et compensera ce début de mois très froid. Au final, avec une moyenne nationale de 11,4 degrés, avril 2022 se situe parfaitement dans la normale 1991-2020, ni plus ni moins au dixième de degré près.
Fig. 1: Température moyenne mensuelle nationale en avril en France
Le record de chaleur national appartient à Montpellier avec 28,9 degrés atteints le 16.
Peu de pluie
Avril est le quatrième mois consécutif déficitaire en terme de pluviométrie en France. Une situation qui se dégrade côté sécheresse et qui inquiète.
En moyenne nationale, la France a reçu 46 mm de précipitations au cours du mois d'avril 2022 pour une normale (1991-2020) de 61 mm. Le déficit frôle donc les 25%. Un chiffre raisonnablement bas, mais qui s'ajoute aux relativement petits chiffres des trois mois précédents.
Socoa, près de Biarritz, est la station ayant reçu le plus de pluie dans le mois avec tout de même 120 mm (113 mm par ailleurs à Belfort, 109 mm à Bourg-Saint-Maurice).
A l'inverse, il est tombé seulement 5 mm à Porto Vecchio, en Corse, et 9 mm à Clermont-Ferrand.
A noter des précipitations neigeuses remarquables dans le Nord et le Pas-de-Calais le 1er avril, dépassant parfois 10 cm en quelques heures, jusqu'à 15-20 cm dans le secteur de Saint-Omer ! Il fallait remonter à avril 2008 pour trouver un épisode aussi important.
Fig. 2: Abondantes chutes de neige près de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais avec plus de 10-15cm au sol en fin de matinée du 1er avril 2022 - Photographie : @Land62100
Janvier avait reçu 39 mm pour une normale de 68 mm (43% de déficit), février 36 mm pour une normale de 55 mm (35% de déficit) et mars 38 mm pour une normale de 54 mm (30% de déficit).
Le cumul de ces quatre premiers mois de l'année 2022 est donc de 159 mm pour une normale de 237 mm, soit 33% de déficit. Il faut remonter 25 ans en arrière au début d'année 1997 pour trouver au moins un équivalent avec un chiffre encore plus faible cette année-là : 137 mm.
Depuis 1946, seuls trois années ont connu un temps plus sec que 2022 sur la période janvier-avril : 1997 (137 mm), 1949 (119 mm) et le record de 1953 (117 mm seulement). Pour mémoire, 1976 comptabilisait un chiffre très légèrement supérieur à 2022 avec 162 mm.
Non exceptionnel donc, mais remarquable. D'autant que ce déficit fait suite à un automne 2021 assez sec (198 mm pour une normale de 233 mm, déficit de 15%).
A part décembre bien arrosé, la période de recharge des nappes phréatiques (octobre à mars) a donc été anormalement sèche : 389 mm au lieu des 482 mm habituels (19% de déficit). Bien que faible, ce chiffre n'est pas exceptionnel, avec 8 périodes octobre-avril plus sèches que cette année, le record appartenant à celle d'octobre 1948 à avril 1949 avec 258 mm seulement.
Fig. 3: Cumuls moyens de précipitations d'octobre à avril en France
Ensoleillement contrasté
Si la moitié nord et le sud-est s'en sont sortis avec des bons chiffres d'ensoleillement, les régions du sud-ouest ont, au contraire, connu un mois d'avril bien nuageux et sombre.
La France a reçu en moyenne 200 heures de soleil pour une normale de 187 heures. L'excédent est donc faiblard, de l'ordre de 7%.
C'est la ville de Pau qui a le moins vu le soleil, seulement 128 heures dans le mois. La normale y est de 165 heures.
A l'inverse, Le Luc-en-Provence a profité de 266 heures d'ensoleillement en avril pour une normale de 228 heures. On notera par ailleurs les bons chiffres de Cherbourg (217 heures) ou Calais (220 heures).
Un mois d'avril assez classique donc côté thermomètre et ensoleillement, mais à nouveau sec. Si le déficit reste raisonnable, il s'ajoute à celui des mois précédents, occasionnant l'installation d'une sécheresse de surface marquée, gagnant du terrain en profondeur. Il faudra espérer des pluies conséquentes ces prochaines semaines pour traverser l'été aussi sereinement que possible...