Cela n'aura échappé à personne : l'hiver 2013-2014 a été particulièrement doux sur l'ensemble de la France et sur l'Europe. Peu ou pas de gelées, des flocons rarissimes en plaine... Notre "hiver" a surtout été marqué par des intempéries répétitives à partir de la fin décembre jusqu'à ce début mars.
Pas de froid, pas de neige
Comme janvier, février aura été uniformément doux. Pas la moindre incursion d'air froid et pas un flocon en plaine. Fait rare mais pas inédit : ce fut aussi le cas en janvier-février 2008, 1975 et 1974 même si, cette année, la fraîcheur a été encore moins présente... Conséquence : pas un flocon sur la plupart des régions (depuis décembre !) en plaine, fait rarissime... A Paris, il n'a toujours pas gelé cette année, comme en 1988, seul cas identique. La température nationale, moyennée sur 140 stations métropolitaines, atteint 7,4 degrés pour une normale 1981/2010 de 5,6 degrés, soit 1,8 degrés d'excédent. Les trois mois d'hiver ont été excédentaires, avec une hausse progressive (6,7 degrés en décembre, 7,6 en janvier et 7,8 degrés en février).
Depuis 1946 (début des observations fiables sur un réseau de stations suffisamment étendu), seuls deux hivers ont été un peu plus doux que cette année : 2006/2007 (7,6 degrés) et 1989/1990 (7,7 degrés). Mais en remontant plus loin dans le temps (depuis 1873 ou même 1658, relevés parisiens les plus anciens), on ne trouve pas d'hivers supérieurs ou égaux à 2014.
Le gel a été absent ou presque depuis la mi-décembre sur de nombreuses régions, notamment sur les deux-tiers ouest et sud (0 à 5 jours de gel, 0 jour par exemple à Tours), ce qui ne s'était jamais produit jusqu'à cette année. L'absence de flocons en plaine sur ces trois mois d'hiver est toute aussi exceptionnelle.
Pas la moindre vague de froid donc, et tout au plus quelques jours modérément froids autour du 10 décembre. Cela fait bien peu pour un "hiver"...
Beaucoup d'eau
L'excédent pluviométrique ne vous surprendra pas non plus. Avec 289 mm de précipitations moyennes à l'échelon national du 1er décembre au 28 février, cet hiver météorologique 2013-14 figure parmi les plus pluvieux depuis 1946. Il est dépassé par quatre hivers : 1954/55 (300 mm), 1965/66 (301 mm), 1978/79 le record (306 mm) et 1993/94 (303 mm). Ces hivers, comme cette année, étaient marqués par un défilé de dépressions et perturbations, et par de nombreuses et dramatiques inondations.
Seule la première quinzaine de décembre a été peu arrosée, calme et anticyclonique.
Et le soleil dans tout ça ?
Vous avez sans doute eu l'impression de vivre un hiver très humide et très gris... Votre mémoire est sélective, vous avez déjà oublié le record d'ensoleillement du mois de décembre (118 heures de présence du soleil en moyenne sur la France dans le mois pour une normale de 78 heures). L'ensoleillement relativement faible de janvier et février n'aura pas suffi à compenser l'excédent record du dernier mois de l'année 2013.
Conséquence : l'astre du jour s'est montré pendant 277 heures cet hiver, soit 3 petites heures... d'excédent !
Nous sommes bien loin des 225 heures du sombre hiver précédent...
Faits marquants
Des phénomènes violents (forts coups de vent, tempêtes, grosses houles, inondations...) se sont succédés en rangs serrés depuis la fin décembre, en particulier dans l'ouest. C'est la Bretagne qui en a fait le plus les frais, passant une grande partie de l'hiver les pieds dans l'eau. Ce n'est pas une première, les hivers très doux s'accompagnent fréquemment de phénomènes de ce type. Mais pas de chance cette année : les tempêtes et phénomènes de grosse houle ont fréquemment coïncidé avec des grandes marées, aggravant ainsi les conséquences sur la frange côtière de l'Atlantique à Saint-Malo jusqu'au Cotentin...
Pas d'hiver donc cette année... Et les tendances n'indiquent pas de période froide au cours de ce mois de mars. Mais positivons malgré ces intempéries répétitives : les factures de chauffage ont chuté grâce à la douceur, et les nappes phréatiques ont fait le plein, nous protégeant d'une éventuelle sécheresse de profondeur pour les mois à venir.